Durant la Seconde guerre mondiale, sous l’Occupation, Magnelli et sa femme, Susi Gerson, s’installent dans une ancienne magnanerie, « La Ferrage », située dans la plaine de Plan-de-Grasse. Des amis viennent les rejoindre et s’installent dans la région : Jean Arp et Sophie Taueber-Arp, Sonia Delaunay ainsi que Nelly van Doesburg. Les quatre artistes peignent de petites gouaches ensemble : l’un commence une planche puis chacun y collabore à son tour. De ces œuvres naît une série qui sera tirée en lithographie.
Magnelli poursuit pour lui-même ce travail sur papier ; s’il est alors privé de peinture et de toile (ses tableaux sont peu nombreux alors), il dessine beaucoup. De ces dessins il tirera ensuite de nombreux tableaux. Il peint aussi à la gouache : ce dessin gouaché, « tachiste » avant la lettre comme il a pu le dire en souriant, est un témoin de ces créations nées dans la plus grande liberté. Il est fait de crayon noir et de gouache sur carton léger (1944, 32,1 x 24,7 cm, sans dessin préparatoire sous-jacent), jouant sur les transparences. On peut y voir un précurseur des dessins au feutre des années cinquante et soixante.